Entretien avec le réalisateur De Gaulle Eid

Aflam a présenté dans le cadre du festival Cinéma(s) du Liban un film censuré au Liban: Chou Sar ? du réalisateur De Gaulle Eid. Nous avons profité de sa présence au festival pour lui poser quelques questions.

A.D.  Quelle est l’histoire de votre film Chou sar ?

De Gaulle Eid : Ce film est une co-production libano-franco-palestinienne. Il fut présenté une première fois à Montpellier où il a été très bien reçu. Jusqu’à présent il a reçu trois prix dans cinq festivals différents. Ce film est bien reçu par les spectateurs car c’est une histoire universelle et absolue de ce qui se passe dans le monde, de la barbarie.

A.D.  Et concernant les problèmes de sa diffusion au Liban ?

De Gaulle Eid : La censure existe au Liban depuis 1947, dont le comité est composé de militaires. Ce qui pose un problème dès lors que l’on parle des partis politiques et que ces partis sont mis au premier plan. On est alors systématiquement et immédiatement censurés.

A.D.  Quelle fut votre réaction à cette censure ?

De Gaulle Eid : Notre réaction est mauvaise si on se plie et qu’on accepte une mauvaise décision. L’histoire relatée dans Chou sar est une histoire vraie, celle de ma famille que je raconte dans ce long métrage. On a pas le droit d’interdire à un peuple ce qu’il doit regarder, c’est de l’intégrisme total.

A.D.  Quelle est la place de ce film dans le paysage cinématographique libanais ?

De Gaulle Eid : Il faut savoir ce que l’on veut quand on est cinéaste. Par une fiction, on contourne le problème, mais ça passe mieux dans le pays car le peuple n’a pas de recul sur son histoire. Moi je suis direct et j’assume jusqu’au bout. Je fais du cinéma vrai, du documentaire, c’est peut-être une réussite ou un échec je ne sais pas, mais je vais jusqu’au bout, c’est un choix. Je fais ce que je sais faire à ma manière et j’assume.
Si le cinéma n’est pas percutant, il ne change rien, surtout dans des sociétés qui connaissent la guerre. Il faut des actes, il faut affronter les catastrophes, comme au Liban où le pays n’est pas prêt. Mais il faut y aller, sans compromis sinon ça ne bouge pas.

A.D.  Où en est le documentaire en tant que genre cinématographique au Liban ?

De Gaulle Eid : Les gens parlent du documentaire comme différent du cinéma. En France, c’est un milieu de réalisateurs confirmés, au Liban on est encore dans la confusion entre documentaire et reportage. Mais c’est une question de temps, l’expérience du documentaire va venir. Il ne faut quand même pas oublier que l’histoire du cinéma a disparu durant la guerre. Il faut que cette histoire se reconstruise. Le monde du documentaire est vaste. C’est une culture à apprendre et qui viendra progressivement au Liban.

Propos recueillis par Assaf Dahdah

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