FESTIVAL CULTUREL ITINERANT AU LIBAN, Soutenons l'initiative du COBIAC

Interview de Marie-Hélène Bastianelli, membre fondateur du COBIAC.

Propos recueillis par Liliane Nasser

Pouvez vous nous présenter le Cobiac ?

Le COBIAC (Collectif de Bibliothécaires et Intervenants en Action Culturelle) est une association Loi 1901 créée depuis 1979 dans les Bouches du Rhône. L’un de ses principaux objectifs était de favoriser la coopération entre les bibliothèques mais aussi entre les autres acteurs de la lecture (libraires, auteurs, enseignants) dans la Région Provence Alpes Côte d'Azur. Cette coopération avait pour but d’offrir un meilleur accès au livre et à la lecture, notamment aux publics éloignés. Il faut se resituer dans le contexte des années 70 dans notre région. Il existait très peu de bibliothèques publiques modernes et ouvertes à tous. Nous avions un grand retard d'équipement. C'est l'action militante qui a permis une meilleure prise en compte par les élus de la nécessité d'une bibliothèque publique dans une ville

Aujourd'hui votre champs d'action s'est étendu bien au delà de notre région.

Dans les années 2000, sur une sollicitation du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous avons pris la décision de sortir des frontières et d'élargir notre action et nos partenariats aux pays de la Méditerranée et à des pays d’Asie. Depuis 4 ans nous coopérons également avec plusieurs pays d'Afrique Noire.


Qu'entendez vous par coopération?

Pour une coopération, il faut être deux partenaires au minimum et avoir un objectif commun. Il faut d'abord apprendre à se connaître et à se comprendre, ce qui suppose un partenariat dans la durée. Puis il faut décider de construire ensemble les projets. La phase connaissance et compréhension est très importante ; elle prend du temps mais elle est indispensable pour une coopération réussie. Chaque partenariat est un enrichissement mutuel et permet d'être plus efficace ici et là-bas.

Pouvez vous donner un exemple de coopération avec le Liban?

Au cours des années 70 la plupart des bibliothèques publiques du Liban ont été détruites. En 2000, la société civile et le Ministère de la culture ont décidé de développer un réseau de bibliothèques dans les villes. La formation mise en place à l'université prenait peu en compte la spécificité des bibliothèques publiques notamment la lecture jeunesse, les animations …et il n'y avait que très peu de formateurs. Nos partenaires libanais nous ont demandé un soutien pour ce volet formation. Deux formations de formateurs ont été mises en place en vue de créer une équipe libanaise en capacité de former à son tour de nouveaux bibliothécaires. Ces formations ont été prolongées par des accueils de bibliothécaires libanais dans notre région pour effectuer des stages pratiques. Par la suite les bibliothécaires français sont allés visiter des bibliothèques libanaises. Ces stages et ces visites ont créé des liens entre les professionnels.

La coopération avec le Liban semble importante. Pouvez vous nous en dire plus pour ces deux dernières années?

Nous avons été partenaires d'un projet porté par l'association libanaise ASSABIL (en collaboration avec le Ministère de la culture), sur le multimédia en bibliothèque. Ce projet comportait plusieurs volets: formation, ateliers en direction des adolescents… et il s’est déroulé dans 24 bibliothèques du Liban. Il a été financé par l'Union Européenne et la Ville d'Aix en Provence. Nous avons aussi mis en place une bibliothèque scolaire dans une grande école de la région de Hermel avec le soutien de la Fondation CMA CGM. Nous avons également accueilli une comédienne libanaise qui a effectué une tournée dans la région avec des lectures de textes d'auteurs féminins du Monde arabe. Cette année nous avons soutenu un projet « Photographie et Écriture » organisé par la Ministère de la culture, avec une phase formation pour les bibliothécaires puis des ateliers photographie et écriture, en arabe et en français, dans 3 bibliothèques. En ce moment nous préparons avec La Maison du livre de Beyrouth un Festival Culturel Itinérant qui va circuler dans cinq régions du Liban, festival qui est soutenu par l'Union Européenne mais pour lequel nous continuons à chercher des financements.

Parlez nous un peu plus de ce Festival Culturel itinérant

L'objectif est de favoriser l'accès à la culture dans des régions éloignées de Beyrouth et de l'offre culturelle. La thématique est « Art et Environnement ». Une première phase formation pour les bibliothécaires et les libraires aura lieu en juin. Durant l'été le Festival s'installera dans cinq régions avec des expositions, des ateliers, des animations culturelles, des spectacles pour la jeunesse mais aussi pour les familles. Ce sera un temps festif, avec une offre de qualité, à un moment où les habitants sont plus disponibles. Enfin il y aura une dernière phase avec un camp de 4 jours dans un cadre naturel. Cinq jeunes de chaque région vont s’y retrouver, chaque groupe sera accompagné par une bibliothécaire pour apprendre à vivre ensemble et créer une production artistique avec des professionnels de la culture : auteurs, artistes, gens du spectacle. Ce Festival est un temps partagé, un temps de respiration et de plaisir pour une population qui vit en une période difficile sur le plan économique, sécuritaire et environnemental. Nous avons 85 % du financement et nous cherchons encore les 15 % manquants. Nous faisons appel aux dons des particuliers, des PME, des fondations et bien sûr aux dons de la communauté libanaise vivant en France.

Toutes les infos sur le projet et pour faire un don rendez-vous sur le site du COBIAC

This entry was posted in Divers. Bookmark the permalink.

Comments are closed.