Interview : Liliane Nasser, cette Marseillaise venue d'Orient

Ces Marseillais venus d'Orient

Liliane Rada NASSER, chercheur associé TELEMME-MMSH, auteur de « Ces Marseillais venus d'Orient », parle pour Marseille-Liban.com de son parcours et de son travail.

Coup d’œil sur une chercheuse engagée.

Marseille-Liban : Ce livre est l’aboutissement d’un long travail. Comment cette aventure a-t-elle commencé ?

La recherche en histoire est toujours un travail de longue haleine. En ce qui me concerne, j’ai dû l’interrompre à plusieurs reprises. Disons que ce sont les aléas de la vie.

J’ai commencé par recueillir les souvenirs de mon entourage, notamment ceux de mes parents. Mon père avait des talents de conteur. Il racontait souvent les histoires de Joha, le bouffon du roi Haroun El Rachid. Il nous faisait voyager en parlant de tel ou tel Libanais qui avait émigré au Brésil, au Venezuela… Mes parents accueillaient un flot d’amis libanais, syriens, africains, français. Selon les lois de l’hospitalité, c’était « table ouverte » chez les Nasser, et nous partagions la cuisine libanaise que ma mère préparait avec les ingrédients achetés chez Arax ou Najarian, des épiciers arméniens de la rue d’Aubagne.

Petit à petit, j’ai réalisé que les personnes que j’avais côtoyées dans mon enfance, ma jeunesse et plus tard encore, après mai 68, s’inscrivaient dans l’histoire de l’immigration libanaise à Marseille.

M-L : Avez-vous eu des surprises au cours de vos recherches ?

Bien sûr… La première surprise a été ma découverte du Liban peu après le décès de mon père. C’était en 1991, la Guerre du Liban s’était achevée quelques mois auparavant… J’ai découvert également une immigration complexe, très attachée au pays d’origine, mais très peu « communautaire ». D’autres surprises encore, à travers la centaine de témoignages que j’ai recueillis, notamment ceux de Libanais qui avaient été impliqués dans la guerre. J’ai été surprise et touchée de la confiance que toutes ces personnes m’ont accordée.

M-L : La couverture est une vraie œuvre d’art !

Oui, c’est un tableau du peintre Piotr Klemensiewicz, un ami de longue date. Je cherchais une image qui traduise à la fois l’enracinement et la partance. Je trouve cette couverture d’autant plus belle qu’elle symbolise également un point de rencontre entre deux origines -libanaise et polonaise-, deux des immigrations qui composent la population de Marseille !

M-L : Dans quelle direction allez-vous poursuivre vos recherches maintenant ?

Je suis en train d’approfondir certains sujets que j’ai abordés dans la thèse, notamment ceux qui concernent l’identité, la double appartenance… des sujets d’actualité !

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